Recueil

Une brume épaisse, toute saisonnière, enveloppait le domaine, il faisait ce matin là une de ces températures à dissuader tout être, vivant il s'entend, de s'aventurer hors des chaumières.

Mû par il ne savait trop quelle force, le souvenir, l'envie, la curiosité, il se retrouvait là devant ce paysage si familier...pouvait on parler de se mouvoir, de se souvenir, d'avoir envie ?

Non, bien sur que non, il avait bien compris qu'il ne faisait plus partie de ce monde, tout était devenu plus facile, plus beau, le très haut avait bien voulu accéder à sa requête et le délivrer de tout mal terrestre, il n'était plus qu'une espèce d'ectoplasme, errant ça et là sans but précis.

Il avait ressenti quelques jours auparavant une force indescriptible ; une voix l’appelait, une main invisible le poussait, des images étaient réapparues…puis se trouvant devant cette chapelle qui avait accueilli autrefois l’un des derniers instants de sa vie terrestre, il retrouvait des odeurs. Il lui sembla même…comme était curieuse cette sensation de frissonner oubliée depuis si longtemps.

Non, il n’avait pas froid, les fantômes ne craignent pas le gel, non, il s’agissait bien d’une émotion, de plus en plus forte, presque douloureuse et ce picotement familier...

S’avançant plus avant, il entra. Qu’il était donc pratique de pouvoir traverser les murs. Une fois dans la chapelle, il sut !

Arian, mon cœur, mon ange, l’amour de ma vie, tu es venue, je sens encore ton odeur, celle de ta peau, de tes cheveux…
Pourquoi mon Dieu m’avoir poussé à revenir ? Qu’attends-tu de moi ? Aurais-je encore à faire ici bas ? Aide moi, guide moi je t’en prie !

Les images se bousculaient, des cris, des larmes, de la tristesse, de la lassitude, la mort…des visages défilaient…un appel, il lui fallait savoir…la maison, Arian, les enfants…il se précipitât…enfin c’était si facile dorénavant d’aller d’un endroit à l’autre…non il n’était pas triste, inquiet tout au plus, mais « la vie » était si facile depuis qu’il avait laissé son enveloppe corporelle.